Nous sommes au tout début du Printemps et je vous emmène aujourd’hui en balade dans un jardin remarquable : le JARDIN JAPONAIS de Toulouse.
L’ensemble du Parc Compans Caffarelli (son autre nom, bien connu des Toulousains) abrite bien caché ce jardin. Situé au cœur de la « Ville Rose », ce lieu est un véritable havre de quiétude loin du tumulte de la ville.
Pour moi, ce jardin même de petite taille est un condensé des principes des jardins au Japon, je vous explique et vous montre avec des photos.
Un jardin japonais, c’est quoi ?
Au delà d’être caractéristique du Japon, les japonais ont élaboré pour leur jardin un véritable code de la beauté. En effet, le jardin japonais recrée, dans un espace restreint, la nature dans toute sa plénitude. En effet, les japonais ont perfectionné un art de suggérer en utilisant les pierres, l’eau, les arbres… Par exemple, un lac devient le symbole de la mer, un rocher celui d’une montagne.
De même, la technique du « paysage emprunté » ou du SHAKKEI consiste à intégrer une vue lointaine dans le jardin pour lui donner de la profondeur au-delà de ses limites physiques. Le jardin doit être orienté de manière à intégrer l’arrière-plan dans la composition principale afin d’éviter qu’une trop forte présence (par exemple, les immeubles dans une ville) ne détruise l’harmonie de l’ensemble
La spécificité du jardin japonais repose sur des PRINCIPES :
- la maîtrise de la nature,
- la prise en compte des saisons,
- l’entretien du jardin,
mettant en application certaines TECHNIQUES :
- la délimitation de l’espace,
- le paysage emprunté,
- les jeux d’opposition entre les surfaces et les volumes…
en utilisant divers ELEMENTS :
- végétaux,
- minéraux,
- aquatiques.
Visite guidée du jardin
Suivez moi pour la visite commentée du jardin japonais de Toulouse :
L’ENTREE et LE MUR D’ENCEINTE
L’essence du jardin japonais tient à la manière dont il occupe l’espace. L’enceinte sert de cadre. Elle définit la façon dont le jardin se propose au regard et intègre son environnement.
Le porche, aussi appelée Torii sont des portiques le plus souvent en bois, peints en rouge vermillon. Ils marquent l’entrée de la zone sacrée. Au jardin japonais de Toulouse, c’est l’unique entrée dans le jardin.
LES ALLEES
Les allées nous permettent de déambuler dans le jardin au gré des tracés. Elles contrôlent notre cadence de déplacement à travers le jardin et les vues offertes.
Pour capter notre regard, des pierres inégales nous contraignent à fixer le sol ou bien de larges pierres nous incitent à lever la tête ou à nous arrêter.
Une allée de pas japonais, commençant au pavillon de thé, nous mène au pont des 3 pierres plates, en passant au pied de la cascade sèche.
Un autre sentier irrégulier serpente la colline et nous fait surplomber le lac.
LES COLLINES
Des petites collines et des cratères gazonnés symbolisent le relief du Japon comme île volcanique. Même, la colline la plus proéminente représente le Mont Fuji.
Nous sommes dans le jardin zen où les jardiniers ne cherchent pas à imiter la nature, mais à la transcender.
LE JARDIN SEC ou KARE-SAN-SUI
Par leur aspect dénudé, les jardins secs sont dédiés à la contemplation et à la méditation. Développés au XV° et XVI° siècles au Japon, ils font partie des éléments essentiels des jardins japonais. Ils figurent, de manière abstraite, l’eau par du sable et les montagnes par des rochers. Les sillons, tracés par le jardinier, traduisent le mouvement de l’onde.
Au jardin Compans Caffarelli, divers groupes de rochers sont disposés dans le triangle de sable du jardin. L’un d’eux situé au milieu de la mer de sable, veut symboliser les îles Grue et Tortue.
Tandis que le gros rocher au bord de l’allée, par sa forme et rareté dans le jardin, symbolise le mont Shumisen ou montage Axe du monde.
L’île Grue et l’île Tortue : issues de la mythologie taoïste, ces îles, opposées et complémentaires, sont très souvent symbolisées par des compositions minérales.
L’île Grue, de forme allongée et verticale est le symbole de l’immortalité. Elle représente la migration de l’âme. Un pin est souvent planté sur cette île.
L’île Tortue, de forme plus ramassée et compacte, rappelle le dos d’une tortue. Elle est le symbole de la longévité et représente la stabilité terrestre.
Le mont Shumisen ou montagne axe du monde : axe de l’univers dans la philosophie bouddhiste, le Shumisen est une montagne cosmique située au centre du monde. Une grosse pierre dressée, entourée de huit autres et séparée par autant de mers symboliques la représente.
LA CASCADE SECHE
Elle est devenue un élément capital du jardin japonais pendant la période Zen. Notre regard part de la surface du lac et la disposition des rochers le guide vers le haut de la chute et vers la montagne, d’où elle jaillit. Des galets disposés sur la pente suffit à évoquer la chute tumultueuse de l’eau d’un torrent. La nappe de gravier figure l’étendue calme de l’étang ou les vagues de l’océan.
Deux pierres latérales encadrent la cascade : KE, le côté Yin qui est l’ombre et KARE, le côté Yang qui est au soleil. La première pierre est verticale et la seconde horizontale.
Les lanternes : à leur origine, les lanternes de pierre étaient des objets placés à l’entrée des temples pour honorer l’âme des ancêtres. Elles furent détournées de leur fonction première à la période zen et introduites dans les jardins. Elles sont devenus des éléments graphiques indiquant la présence de l’homme.
LE LAC
Le lac, point central, par sa surface plane, met en valeur l’ondulation des collines et des berges et donne de l’ampleur au jardin.
Dans le jardin japonais, la dimension et les contours de la nappe d’eau indiquent l’échelle et la forme de l’ensemble du jardin. L’eau arrive par le nord-est, contourne le pavillon de thé au sud et sort vers le sud-ouest.
Le lac est peuplé de carpes koï et de tortues (pas présentes à mon passage).
LE PONT
Ici, le pont est rouge et courbé en demi-cercle. Il se prolonge par un pont de pierres plates qui relie le jardin à l’île du Paradis, face au pavillon de thé. Sa forme, peu habituelle, suggère le disque lunaire lorsqu’il se reflète dans l’eau de l’étang.
Il évoque un espace de transition à l’élévation spirituelle et rend accessible l’île, symbole du paradis. Il est la symbolique du passage purificateur.
LE PAVILLON DE THE
Le pavillon de thé reprend les éléments de construction de certains bâtiments du palais de Katsura, édifié au XVII° siècle et situé sur la rive ouest du fleuve Katsura à Kyoto. Il est construit sur pilotis, l’isolant ainsi de la nappe des graviers symbolisant l’eau.
Le matériau utilisé est le bois en raison de sa résistance aux séismes qui secouent le Japon. Des écailles de bois en bardeaux de red de cédar recouvre le toit.
Face au jardin zen, l’aménagement d’une terrasse permet l’observation des astres. Tandis que la galerie périphérique facilite l’aménagement des espaces et sert de transition entre l’intérieur et l’extérieur.
Les arbustes dans leur habit de fleurs printanières : camélias, azalées, magnolias …
Nous voici arrivés au terme de notre visite du jardin japonais. Une dernière respiration avant de franchir la porte et de revenir en Europe à Toulouse.
Cette incursion dans la culture japonaise et son rapport contemplatif à la nature m’a, l’espace d’une promenade, ressourcée. FLEURIR L’INSTANT et MA VIE est devenue ma philosophie.
Alors, si vous êtes en visite dans cette belle ville, visitez ce jardin remarquable.
Magnifique jardin merci pour ce petit voyage en Asie.